La pratique d’un sport d’endurance tout en conciliant vie professionnelle et privée nécessite de gros efforts d’adaptation. Comme pour tous les sportifs d’endurance amateurs, le risque de surentraînement est grand. La majorité des sportifs d’endurance privilégient l’entraînement aux séances de récupération, lorsqu’ils doivent décider de leur emploi du temps.
Nous avons rencontré Michael Defago, qui pratique le trail long et ultra. Il travaille sur le site chimique de Monthey avec des horaires variés et vient de terminer 5ème du Trail Verbier St-Bernard: X-alpine, sur le nouveau parcours labellisé UTMB (140km pour 9300d+) en 23h19.


Les sportifs doutent toujours

Actuellement en récupération de ce fantastique exploit, l’ultra-traileur de Champéry nous a raconté comment s’est déroulée sa préparation, notamment les dernières semaines avant l’effort, plutôt consacrées à la récupération. Une période cruciale mais lors de laquelle beaucoup doutent et pensent ne pas en avoir fait assez. Le danger serait de rajouter des séances pour « rattraper ». Michaël Défago connaît bien ce sentiment. « J’ai beaucoup apprécié cette magnifique phase de l’entraînement qu’on appelle « affûtage ». Cette période où on prend le temps de se remettre des grosses charges d’entraînements afin d’arriver avec un pic de forme pour le prochain objectif. C’est aussi le moment où on doute, où on se demande si la préparation était suffisamment qualitative et quantitative… mais apparemment, c’était suffisant! »

Image: Photosport / Trail des Châteaux



Le sommeil, un facteur clé

Sans surprise, Michaël avoue généralement négliger l’importance donnée au bien-être et à la récupération dans sa préparation. Contrairement aux professionnels, qui ont le temps de se détendre, de faire baisser la pression, et pour qui la récupération fait partie du programme. En revanche, les sportifs amateurs, eux, une fois la séance terminée, se ruent généralement sur leurs autres occupations, professionnelles, ou privées. Ce comportement va forcément bloquer la récupération, en empêchant les muscles de se détendre, le corps de faire son boulot et parfois perturber le sommeil. Or, on le sait, le sommeil est essentiel pour la récupération du sportif. En cas de problème d’endormissement après l’effort, il faudrait prendre le temps de s’étirer, de faire quelques exercices de respiration, voire revoir sa quantité d’entraînement à la baisse.

Le sommeil, un facteur clé

C’est un équilibre à trouver! Michaël Défago en est parfaitement conscient: « En ce moment, je travaille essentiellement sur mon sommeil. J’essaie de toujours dormir assez malgré mes multiples mes horaires de travail irréguliers. » Il avoue cependant souvent négliger les autres formes de récupération qui nécessitent d’avoir du temps à disposition.

Professionnellement, évidemment, les sportifs amateurs ne sont pas tous égaux. Il faut parfois jongler avec des horaires irréguliers, des imprévus, ou la fatigue provoquée par l’activité professionnelle et familiale. « Je travaille en 5 équipes sur le site chimique (variante du 3×8 avec les week-ends). Ce travail me donne beaucoup de temps libre pour les entrainements mais il faut arriver à gérer les décalages horaires avec les nuits dans l’usine! »

Accorder de l’importance à la récupération et au bien-être, c’est clairement un point faible chez moi

Michaël Défago, ultra-traileur amateur

Il existe d’autres moyens pour accélérer la récupération, comme la cryothérapie, ou le port de vêtements de compression, ou le yoga, mais aussi, en termes qualitatifs et quantitatifs, la façon de se nourrir. Michaël avoue ressentir une baisse dans la capacité d’effectuer des séances intensives s’il néglige cet aspect-là.

« J’essaie aussi de bien manger mais surtout en quantité suffisante: on en parle peu mais lorsque on fait des longues sorties en montagne, il y a souvent un repas qui saute ! Il faut donc compenser ce manque d’énergie supplémentaire ».

Michaël Défago
Image: Photosport / Arrivée lors de l’ultra-trail Verbier St-Bernard

La chaleur, nouvelle norme

Il va aussi falloir s’y habituer, même en montagne, les épisodes de chaleurs seront plus intenses et plus prolongés. Les trails n’échapperont pas à cette donne. Et là aussi, nous ne sommes pas tous égaux. Michaël Défago en sait quelque chose, lui qui a déjà vécu des défaillance. « Je perds énormément de rendement avec la chaleur (je commence même à marcher dans les descentes…). Mais il suffit de monter un peu plus haut en montagne pour avoir un peu plus d’air frais ».

Propos recueillis par Be Social Communication / MDM